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Sur l'empirisme des extra-structures - La Volonté de décision (VII)

Je poursuis la mise en ligne de ce court essai politique que je publierai en dix fragments comme un feuilleton à périodicité aléatoire, entre un et trois jour. Le septième épisode ci-dessous.

 

VII

 

Comme je l'ai déjà signalé, les extra-structures parce qu'elles remettent en cause des échelles de décision jugées naturelles ou de droit souverain, et parce qu'elles grèvent les hommes en place de leur autorité, ne sont jamais que le dernier recours ou des choix par défaut. Une des spécificités de la construction européenne est ainsi d'avoir progressé, un terme très mal choisi, seulement par l'intermédiaire de crises. De même les premières intercommunalités sont imaginés pour répondre au problème posé, dès la fin du XIXe siècle, par les compagnies électriques de distribution réticentes à s'implanter en milieu rural. Ces choix profondément politiques, qu'ils soient européens ou locaux ne sont en réalité jamais l'objet d'une politique, si ce n'est une politique chancelante et bancroche des petits-pas, poussée par l'économie, une suite empirique d'erreurs et de corrections erronées parce qu'il manque de tout et en premier d'une idée, d'une vision, d'un plan d'ensemble. De telle sorte que l'idée d'extra-structure en tant que modèle ou programme est point à point disjointe de la pratique fataliste des extra-structures telle qu’elle a cours. Les pionniers du fédéralisme (Spinelli, Coudenhove-Kalergi) n'ont dans les faits pas donné le cap, sinon celui d'ambitions amendées, de projets amputés sans cesse jusqu'à n'être plus que des mémorandums sans perspectives. Force est donc de constater que les représentations et intérêts nationaux ont pris le pas sur le projet d'une Europe plus compacte. Comme jamais aujourd'hui la construction européenne se caractérise par son euroscepticisme. Le concert des nations cache en somme un véritable cancer des nations. L'élargissement tel qu'il a cours,  en tant que vouloir des centres d'intégrer à l'Union leur zone de confort respectivement le Sud et l'Est, n’est en fin de compte qu’un symptôme de la résurgence du nationalisme le plus morbide à travers le mythe néolibéral de la concurrence. L'Europe a perdue le fil d'une complémentarité non concurrentielle, et n'a pas su faire table rase des principes de l'économie de marché à l'intérieur de ses frontières ; aussi le nationalisme économique sous les avatars de la concurrence et du dumping interne participe comme le nationalisme politique (voir VI) à une rentrée dans le rang.  Si les années 1960 à 1980 ont permis la synergie de certaines industries spécialisées, dont le fleuron, dans le secteur aéronautique, Airbus est devenu un consortium, qui ont démontrés à long terme leur compétitivité sur les marchés mondiaux. A partir des années 1990-2000, une autre logique est mise en place qui n'est plus une synergie, une mise en réseau optimisée mais au contraire une privatisation et une mise en concurrence des anciens grands établissements publics de service : énergie, transport, courrier... Aujourd'hui un consortium comme Airbus ne pourrait plus voir le jour, et j'imagine par uchronie le marché européen de l'aéronautique sans un grand constructeur de cet espèce : les gesticulations concurrentielles d'entreprises aéronautiques pour savoir laquelle d'entre-elle fabrique le plus joli planeur. La volonté de décision est une sortie de cet empirisme, et un retournement de l'agressivité envers nos propres membres en direction des marchés économiques mondiaux soit en définitive, en défi au pragmatisme une réintroduction de l'idée dans la pratique des extra-structures.

 

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