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Correspondance - Page 2

  • Désormais

    Désormais des ormeaux le long des routes, désormais des sentiers, des poches pleines des hélices des érables puis des terres arables, désormais des passages à niveau, ce ruisseau au dessus duquel nous avons construit des barrages de branchages, c'était il y a longtemps, avant le feu,

     

    Le tourbillon des escarbilles et leur crépitement

    Pour ne pas prendre racine

     

    Je m'étais tiré les larmes aux yeux, des larmes de fonds, des fanons des baleines de parapluie. Il pleuvait.

    Il pleuvait

     

    Mais le sifflement des chants des sirènes décident de désirs nouveaux renient les anciennes passions. Patiemment, s'évaporent les femmes passées, s'évaporent les images, les mots, s'évaporent les sentiments liquides jusqu'à complète évaporation jusqu'à ce que l'on n'arrive à

    l'os

     

    Désormais le vent dans les cheveux, courir, sentir l'air frais brûler les poumons, désormais les sentes et les chemins de chèvres, la lourde.

    Désormais

     

    La rue au petit matin,

    le chant des oiseaux,

    le soleil rasant de l'hiver qui m'éblouit,

    marcher sur les lignes blanches,

     

    l'autre soir, le train de minuit vingt, le dernier,

    des mères qui vous tendent un gobelet de fast-food pour l'aumône,

    les toilettes occupées mais tant pis,

    désormais l'envie de rire.

     

    Tout me reviens...

     

    Désormais les rondes, les cultes orgiaques, désormais les Ménades aiment la chaire cuite, le monde est limpide comme du cristal ou comme de l'eau claire, désormais je ne suis plus comme un chat d'appartement devant ce qui relève d'une aventure, il y a certains mots qui ne sont plus des ennemis, des patiences qui ne sont plus impossibles, des flaques...

     

    Il a plu cette nuit.

     

    C'est tout. Mais rien à demander de plus.

     

    Le foyer enfin, les travaux domestiques, une vis qui pénètre le bois, l'écharde... désormais des lèvres à prendre, apprises, par cœur, au goût salé.

     

    Je te sens près de moi, désormais.

     

  • Ruminations

    Rumination d'un corps aimé

    Sous le corps d'un étranger

    Rumination du désir

    Rumination des amours,

    Rumination des humeurs,

    Rumination des muqueuses.

     

     

    Rumination des jalousies

    Rumination d'une parole incapable,

    Rumination qui colle au palais

    Rumination des friabilités

    Rumination des tendresses

    Rumination des mots susurrés.

     

     

    Rumination des errances.

    Rumination des nudités

    Rumination d'une présence

    Qui vous manque

    Rumination des attentes

    Rumination des patiences

     

     

    Rumination des chairs mâchées

    Rumination des spéléologies corporelles

    Un doigt une langue une queue

    Rumination de la vie, des envies.

    Rumination des chaleurs

    Rumination des ivresses.

     

     

    Rumination de te laisser au quai

    Rumination des ruminations

    Rumination de janvier février.

    Rumination des gelées

    D'un moi(s) polaire

    Ou poids molaire.

     

     

    Rumination coriace,

    Canine et incisive.

    Rumination au dedans

    Comme une rage au dedans

    Mais qu'ont fait mes mâchoires

    Pour mériter ça