I
Répéter le geste de l'artisan
Saisir l'objet, le façonner
Ne plus toucher du bout des doigts
Tendre jusqu'au bout mes gestes précis et complets
Le rayonnement de mon corps étiré
Dans la disposition d'un geste précis.
Prendre corps comme un vin peut le faire`
Prendre garde à ma posture, mon comportement,
Et mes attitudes dégingandées
Changer la façon de me mouvoir dans l'espace
La démarche plus souple, sans heurt,
En un mot ondoyante.
II
S'astreindre à redresser le regard loin,
Sur la ligne d'horizon – tête haute,
Mes sens éveillés aux entours .
Vigilant pour ne plus trébucher sur
Ni me soumettre aux intrusions de l'extérieur
Par négligence, désintérêt, ou par distraction.
Prendre part comme aux jeux d'hier
Retrouver le plaisir d'être chaque jour attentif.
Sous l'insignifiance apparente d'une routine,
Me soucier du monde présentement,
Et par souci de toi.
Ne plus jamais vivre d'abstraction, de théorie et d'éthique.
III
Prendre le temps d'apprivoiser le temps
De cet art que l'on nomme patience
Attenter aux divertissements, aux ajournements fébriles
Maîtriser ma respiration, mes précipitations
Les tremblements d’une peur qui me précède,
Me subordonne – à la perfection.
Ce n'est plus la question de l'hédonisme contre la critique
Pas non plus la question
De l'instinct de survie contre de la réforme
Mais de l'entrain contre le désespoir
De l'être contre les regrets
De la passivité ou de l'action.
IV
Pendant longtemps, j'ai aimé la langue de la Bible.
Fasciné par sa syntaxe et ses analogies
J'ai aimé avec ardeur une morte
Que je ne supporte plus,
Je préfère encore l'orthodoxie des notices techniques et des modes d'emplois
J'use à présent d'un je contemporain – auto fictif
Nous avons perdu l'omniscience jusque dans nos récits.
Je m'exerce à vivre comme un auteur de haïkus mais bavard
La parole spontanée, naturelle et le rire,
Comme fruits de la complicité.
Car je n'ai jamais voulu être autre chose
Qu'un homme au monde ?