J'ai voté « oui » au référendum européen. Je pensais qu'avec des institutions on pourrait faire quelque chose. Aujourd'hui je regrette. Sans doute parce que j'aurais aimé participer à la fête et qu'il est toujours plus agréable de faire partie du camp des vainqueurs quoique dans l'affaire on ne sait finalement pas trop qui est ressorti vainqueur. Mais aussi parce qu'au fond j’appartiens au camp du non : celui des laissés pour compte, et des mecs qui défilent pour la forme quand la CGT les appellent, malgré la pluie battante. J’appartiens à cette race des cons que les élites méprisent. Je fais partie des rêveurs à qui il faudrait inculquer le réalisme. A les entendre il faudrait m'apprendre un certains nombre de choses. Il faudrait refaire toute mon éducation. Je les écoute parler dans les médias, faire comme ils disent "de la pédagogie" : il me semble que le peuple est constitué de citoyens, des gens que l'on doit convaincre et pas de rejetons à instruire, à éduquer, à qui il faudrait un tuteur pour pousser droit.
Nous sommes des laquais mais nous avons un honneur de laquais. J'accepte que l'on me batte mais pas que l'on me méprise, ni que l'on s'essuie les pieds sur mon dos.
Le martinet… d'accord, mais pas le mépris.
Pédagogie : tout compte fait, ce petit mot résume ce que nous avons fait de la démocratie : passer d'un rapport de maître à esclave à un rapport de maître à élève.
Cela valait la peine de se battre.