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Incarnations - Page 5

  • Les Confidences (extraits V)

     

    Méritons-nous les diplômes que nous avons obtenus ? N'ont-ils pas été mis à notre main ? Le sentiment d'échec et de déclassement ne vient-il du fait qu'on nous ait porté trop haut et indûment, que les études aient glissées en nous une présomption ?

    Au fond, j'ai l'âme d'un larbin.

    *

     

    J'arrive en fin de contrat. Je serai sans doute prolongé. Que ce soit moi ou un autres, je ne fais pas le boulot plus mal, alors tant que je ferme ma gueule. Je croise les doigts. Rien n'est sûr... rien n'est jamais sûr... Je commence à devenir nerveux, certains soir je suis même irascible ; le stress. Pourtant, ne pas savoir ce que l'on fera demain, ce n'est rien. La précarité, c'est autre chose : quelquE chose de plus sournois, une violence peut-être moins physique et mentale que morale. Je me suis battu et tout ce que j'ai gagné, je l'ai perdu. A chaque fois, je suis descendu un peu plus bas dans les tâches de merde, je me suis retrouvé réduit à faire le larbin. Et lorsque j'ai repris du grade, c'était pour le perdre plus tard. Après les coins de table, j'ai gagné un bureau, puis on l'a attribué à un autre. Ce n'est pas grands chose mais lorsque l'on n'a rien, on se raccroche à des détails – on leur donne plus d'importance qu'il ne le faudrait. C'est comme ça. Quand on est précaire on doit apprendre à se voir moins brillant qu'on ne croyait. La précarité est une mécanique de frustration, de dévalorisation permanente. Si je me regarde dans un miroir, je finis toujours par voir un naze. Et les autres aussi finissent par le remarquer. Le problème ce n'est pas l'argent, ni l'incertitude, un peu quand même, mais surtout cette blessure intime, de retourner toujours à l'échec. Le plus violent dans la précarité c'est de se sentir blesser, de ne plus pouvoir se souffrir.


    *


    Écorchées, tailladées, rougies, gonflées, rêches....

    Je n'ai plus les mains d'un intellectuel. Je les ai perdues. On me disait que j'avais des mains de pianiste, mais le froid les à tordues.

     

  • [Aucune musique...]

    Aucune musique ne remplacera la voix.

  • Lettre à un lecteur américain

     

    (pour une lecture à une soirée Foutou'art)

     

    I

     

    Écoute, mon avoué

    Ne fais pas le sourd

    A mes appels

    Ne décroche pas

    Au bout de cinq minutes

    Comme un psy

    Je m'excuse

    De manquer parfois

    De conversation

    De t'avoir ennuyé

    Avec mes misères

    Un soir de Super Bowl

    Où les Ravens de Baltimore

    Ont battus les 49ers

    Par 3 points d'écart.

     

    II

     

    Est-ce que tu peux

    Me comprendre ?

    La prochaine fois

    Je ferai des efforts

    De style

    Je ne sais pas encore

    Ce que donne mon français

    Passé par Google traduction

    Mais pour trouver une forme idoine

    Je vérifierai avant d'envoyer

    Mes messages

    La prochaine fois

    Je te promets.

     

    III

     

    C'est vrai , j'étais naïf de croire

    Que ma bien aimée

    Était celle

    Qui en savait le plus

    Sur ma personne.

    Tu as appris de vives voix

    (Je m'entends)

    Mes usages de la toile

    Mes errances de cœur

    Mes épanchements.

    Et si, au prisme de mon inconscience

    Je ne me suis pas toujours montré

    Sous le meilleur jour ;

    J'ai un peu honte.

     

    IV

     

    J'aurais recours à ta clémence

    Et à ta compréhension

    Pour ne pas en parler

    A mes proches.

    S’il te plaît,

    Ce n'est pas mentir

    Que de faire

    La sourde oreille.

    Si j'ai heurté parfois

    Ta conscience évangélique

    Je jure à la romaine

    De mieux tenir ma langue

    A l'avenir.

     

    V

     

    Et puisque nous en sommes

    Aux confidences :

    Je ne t'en veux pas

    Moi aussi quand ma mère téléphonais

    Je suivais sa conversation

    A l'écouteur

    J'avais cinq ans

    Mais nous sommes restés

    De grands enfants.

     

    (Bisous)

     

     

     

  • Au rayon laitage

    Je me sens mille fois moins postmoderne

    Qu'un camembert de Normandie

    Au lait pasteurisé.