Je poursuis la mise en ligne de ce court essai politique que je publierai en dix fragments comme un feuilleton à périodicité aléatoire, entre un et trois jour. Le second épisode ci-dessous.
II
Je m'intéresse à l'Union européenne, et au sort des peuples qui l'ont dernièrement intégrés, au regard d'un désir inassouvi, impératif et local ou pour le dire différemment, ma propre expérience du sentiment d'être périphérique. Permettez-moi de dérouler le fil de ma pensée comme je l'entends et d'aborder mon sujet par ce qui pourrait vous paraître une digression. Je voudrais envisager un phénomène spécifiquement français sous la forme, d'une échelle moindre que l'Union quoique analogue :l'affaiblissement du pouvoir de décision pour l'électeur lors du passage de la commune à l'intercommunalité. Là encore, il n'est pas question de blâmer des structures nécessaires pour la gestion partagée d'un espace somme toute partagé. Néanmoins l'on peut se demander quand un échelon administratif supplémentaire est crée, et lorsqu'il est transféré à son personnel de la part des élus des compétences de plus en plus étendues, qui exerce le vrai pouvoir et quels liens relient ces dépositaires du pouvoir au peuple souverain ? De même, en vertu de la souveraineté populaire et de l'égalité des voix, que devient la légitimité de tout système indirect (y compris celui des arrondissements dans certaines villes), lorsque les résultats de l'élection diffèrent de la majorité des suffrages exprimés ? Les représentants des communes dans les conseils communautaires, élus par les élus municipaux, font s'apparenter de plus en plus ces élections locales à un suffrage indirect où les conseils municipaux endosseraient le rôle de grands électeurs. La dernière loi relative à l'élection des conseillers communautaires, de mai 2013, s'apparente à un simulacre ne donnant en rien aux électeurs la possibilité de choisir des représentants spécifiquement communautaires, ni ne permet une distinction de listes municipales et communautaires et lui impose de fait, cyniquement comme étant de leur propre leurs choix, les choix qui auraient été entérinés en conseil municipal. Il y a un malaise en périphérie issue du sentiment d'éloignement des pôles décisionnaires et de leur nomination – ce sentiment de déprise renforcé par la gentrification urbaine qui se traduit encore maladroitement voire de façon absurde par l'abstentionnisme, le vote subversif ou celui de contre-courant. Le récent basculement à droite de nombreuses agglomérations dont la ville-centre reste à gauche, est évidemment un symptôme et la marque de plus en plus caractéristique d'une fracture entre le centre et ses périphéries multiples.